Place de l'homme dans la neurocratie

 

 

Les droits de l?homme dépassé ?

Un des progrès fondamentaux acquis au cours de l?histoire de l?humanité par l'homme pour l'homme, c'est le principe du respect de chaque vie humaine, de chaque individu. Cela a progressé mais il y a des balbutiements. Au niveau politique, ce principe se retrouve, même si dénaturé, dans les régimes démocratiques. Au niveau des mentalités, on assiste à une régression du racisme, des nationalismes, des génocides, des fondamentalismes, ?. Mais si on peut voir une régression globale quand on regarde des unités de temps tels que des siècles ou des décennies, tout ceci est mâtiné de fluctuations et de poussées de fièvres qui vont dans l?autre sens. Ce principe du respect de l?individu se concrétise dans un texte fondateur, la magnifique déclaration des droits de l?homme. Celle-ci a sans conteste fait progresser l?homme mais comme toute médaille, elle a son revers, elle a fait progresser dans son élan, l?individualisme, la surconsommation, l?isolement, la diversité, la pollution, la technologie débridée,?.

Le problème de la déclaration des droits de l?homme, c?est qu?elle a mis au centre du débat l?homme en tant qu?individu  et pas l?homme comme faisant partie d?un groupe et d?une lignée : l?Humanité. Il y a donc un problème de vocabulaire. Protéger l?homme avec un grand H, n?est ce pas plutôt vouloir protéger et respecter l?humanité. Il me semble que la notion d?humanité donne sa juste mesure à l?enjeu dont il est question ici.

Il faudrait donc réécrire et renommer cette déclaration. La renommer en l?appelant la déclaration des droits de l?Humanité et la réécrire en prenant garde d?y intégrer cette notion mobilisatrice qu?est l?Humanité.

La question qu?on peut se poser à ce stade, c?est que si on place plutôt au centre du débat la notion d?Humanité, qui est une notion plus multiforme et collective, y a-t-il forcément une régression de la notion d?individu. Sans nul doute, si on se place du point de vue d?un régime démocratique, l?augmentation du territoire de l?intérêt collectif vient toujours grappiller sur le territoire de l?intérêt particulier. La force de la neurocratie est justement d?éviter cet écueil. Renforcer l?intérêt collectif et l?efficacité de la société tout en maintenant intact la singularité de l?individu et son importance primordiale. Comme dans un cerveau, un neurone pris isolément peut être à la fois le plus insignifiant des individus comparé à la structure mais il peut être en même temps une pierre angulaire d?une activité en réseau qui organisera la plus noble des tâches. Tout est dans la puissance extraordinaire de l'organisation en réseau neuronal.

 

Pyramides contre réseaux neuronaux

L?ancienne Egypte nous a montré dès le début de l?histoire de l?homme moderne quelle sera la structure maître sur laquelle les sociétés humaines allaient s?organiser : la pyramide. Pour s?améliorer, pour s?élever, les sociétés humaines n?ont eu de cesse de s?organiser à partir de structure pyramidale avec à leur sommet une élite ou même un seul individu qui pouvait profiter d?un pouvoir d?autant plus vaste et stable que la base de la pyramide était étendue. La démocratie, le régime le plus égalitaire parmi tous ceux qui se sont succédés, ne change rien en matière de structure, cela reste une structure pyramidale basée sur la représentation. La seule différence entre la démocratie et les autres régimes classiques est que la démocratie a amené une grande mobilité entre les étages, agrémentée du renfort psychologique de la représentation. La grande mobilité car un individu faisant partie d?un étage  inférieur de la pyramide peut au cours d?une vie accéder aux étages supérieurs voire au sommet de celle-ci. De plus chaque individu à un étage inférieur de la pyramide accepte plus volontiers de supporter le poids écrasant des étages supérieurs s?il se dit que ceux qui sont au-dessus sont en fait chargés de le représenter. Il reste que le poids respectif des individus dans la société en fonction de l?étage de la pyramide qu?ils occupent ne sont pas vraiment équivalents. Dans la neurocratie, la place de chaque individu dans la société est comme celle d?un neurone dans un cerveau, son importance et sa contribution dépend plutôt de son implication dans les différents réseaux neuronaux qui opèrent dans le cerveau. Seul, il n?a aucune  efficacité pour effectuer une opération, même si d?autres neurones auraient « votés » pour en faire leur représentant . Des neurones faisant partie d?un réseau neuronal et collaborant ensemble peuvent tous en même temps faire des opérations complexes sans qu?on puisse dire qu?un des neurones a plus d?importance que les autres ou bien qu?il représente les autres et que c?est lui de part cette représentation qu?il a fait cette opération lui-même au nom de tous les autres.